応援のメッセージ
Pour Jean Dubuffet, qui « inventa » l’Art Brut et lui donna ses lettres de noblesse, « le vrai art est toujours là où on ne l’attend pas ». Il est dans les couvre-chefs improbables d’Eijiro Miyama qui, à soixante-quatorze ans, étonne les passants de Tokyo et Yokohama par ses tenues excentriques et ses boucles d’oreilles-aquarium dans lesquelles nagent des poissons rouges. Il est dans les trains alignés de manière obsessionnelle par Hidenori Motooka – artiste à ses heures et plongeur dans les cuisines d’un hôtel le reste du temps –, ou encore dans les quelque deux mille dessins de couples fantasmés par Masao Obata. Le vrai art dont parle Dubuffet apparaît ainsi dans les créations toutes plus surprenantes les unes que les autres de ces artistes japonais autodidactes présentés à la Halle Saint-Pierre – un lieu qui accueille depuis 1995 des expositions d’Art Brut sous sa magnifique verrière montmartroise.
Après l’immense succès de cette exposition à la Collection de l’Art Brut à Lausanne, le public parisien pourra, à son tour, découvrir les créations de ces outsiders de l’art, qui transcendent leur singularité et leur marginalité dans des œuvres d’une force et d’une richesse inouïes. Excentré et excentrique, cet art fascine de plus en plus par son esthétique libre et insolite, en marge de la société et des codes du milieu de l’art.
Si les premières découvertes de Jean Dubuffet remontent aux années 20 et sa Compagnie de l’art Brut aux années 50, les recherches sur l’Art Brut au Japon sont plus récentes. Cette exposition permet ainsi de révéler les univers étonnants de ces artistes qui doivent peu à la tradition japonaise pour, au contraire, atteindre à l’universel et à l’intemporel.
Je tiens à féliciter les organisateurs de cette exposition, les chercheurs japonais et français qui ont uni leurs découvertes pour nous révéler ces trésors de créativité et de sensibilité à l’état brut.
